Se dissoudre afin de rompre des liens;
Oublier hier et recommencer après avoir ouvert les yeux;
Fuir le passé, mais en retenir l’essentiel.
On a nos mots,
Marques révélatrices de notre histoire.
Quoique apprendre à se taire,
C’est acquérir un autre langage.
Notre langue n’est pas celle de la majorité continentale :
Plutôt l’expression d’une entité populaire déjà séparée,
De toute évidence, inconsciente de son statut,
Qui devrait écouter sa propre langue pour mieux se cerner.
Une langue, la nôtre, comptant au moins deux genres :
On consacrera nos vieux jours à mieux la contenir,
Celle qui est nôtre, celle dite maternelle,
Avant que ne la tuse celle jamais dite paternelle.
Chaque mot perdu
Est une résonnance victime d’une agression,
Un lien qui meurt,
Une rupture brutale avec le passé.
Il faut lire et écrire,
Chercher,
S’isoler,
Réfléchir et se questionner.
Ce matin, on a aperçu,
Tout en haut de Saint-Roch, la côte,
Une lune fatiguée qui, à la suite d’une très longue nuit,
Se couchait.
Basse,
Jaune vanille française,
On l’a aperçue entre deux maisons,
Juste avant qu’elle ne plonge de l’autre côté du versant montagneux.
Très vite cependant, on a oublié cette scène matinale.
La journée commençait et il nous fallait partir le feu.
Emporté, on est donc passé à autre chose.
Tout à coup de se souvenir de ce coucher de lune nos doigts.
Nadagami