Pour ensuite les libérer sur la page jamais froissée d’un écran d’ordi.
Dehors donc, en continu des rafales soulèvent des nuages de poudrerie
Sous un soleil d’une luminosité qu’exacerbe sa réflexion sur la neige.
On se croit soudain être feuilles d’un feuillu
Sous l’emprise d’un interminable et peut-être même éternel automne,
Toujours tombantes des branches qui les ont vu naître,
Mais en même temps jamais entièrement dénudées de celles-ci.
Les surplombent, alors qu’ils sont emportés vers l’est, les nuages
Qui entachent la bleuité céleste
De leurs épanchements relâchés
Et pareils à des émotions que le moindre sursaut déforme et reforme.
Bleuité aussi qui a tout d’un espace en fuite et sous laquelle :
Un vent qui pourchasse;
Une lumière éblouissante qui s’arrache du sol;
Une neige tombée qui s’avoue incapable de retenir ses éblouissements.
Se pose une mésange à tête noire, solitaire, comme toujours survoltée,
Sur une des branches d’un érable à sucre sans pour autant s’y attarder.
Au loin, on remarque sur le mât porteur d’une éolienne
Le passage ombragé rapide des pales tournantes.
Et toujours cette bleuité céleste diurne en constante progression
Qui se nourrit de l’appauvrissement des masses nuageuses blanches
Que le vent pousse vers l’est
Et qu’accompagnent les ombres qui s’étirent sur le sol.
Comme la lumière qui explose sans arrêt,
Nos émotions nous ébranlent pour ainsi mieux s’emparer de notre raison,
Repoussant les assauts d’une attitude trop raisonnée
Qui avoue s’ennuyer de celle qui raisonne par son contraire.
Tout cela alors que nous emportent nos doigts
Comme emporte les nuages le vent
Et aussi alors que marquent notre passage sur les feuilles les mots
Pour qu’à un moment ils s’évanouissent comme les ombres sur le sol.
Frappe encore la mesure les pales passantes de la même éolienne.
Les branches dénudées des feuillus s’agitent.
Une feuille desséchée est bardassée en tous sens
Sur le sol recouvert de neige durcie.
Nadagami