On est finalement sorti.
Tandis qu’on arpente la cour arrière,
On peut apercevoir et surtout entendre les nombreux étourneaux
Qui piaillent sur les branches les plus hautes d’un orme.
Il est en ce moment à peine quinze heures et déjà le soleil fuit.
Sur les flancs de montagne se répand vers le haut une bande ombrée.
Bientôt toutefois s’achèvera la progression de la noirceur
En cette période des nuits les plus longues
Et des phases diurnes les plus dépourvues de lumière.
Il fait froid dehors.
On se répète et nos mots de suinter cet ennui qui nous habite.
On tape, les mots résistent à la relecture
Bien que, en même temps, s’exprime un silence
De même que la sensation parfois ressentie
Lors de viraillages inutiles.
Bancs de neige rabougris
Et larges surfaces gazonnées
Se côtoient.
L’hiver finira bien par jeter l’ancre.
On aura beau écrire,
Vouloir n’être que mot,
Il n’empêche qu’on peine à rester assis face à l’écran.
L’ennui, le froid, les longues nuits nous font sentir à l’étroit.
Les mots se suivent,
Se ressemblent,
Se rassemblent
Alors qu’on a plutôt l’impression d’être désassemblé.
On a quoi à dire de plus que les autres?
On a juste envie de fuir,
D’être ailleurs,
D’être cet ailleurs.
Atteindra bientôt la ligne de faîte des monts
La zone ombrée irrépressible qui s’élève sur les flancs de montagne.
Monte cette ligne d’ombre
Comme l’eau du fleuve lors de la marée montante.
Nadagami