Nous, en ce moment dans la maison,
On attend les mots comme on attend à la fin de l’hiver
Les premières éclaboussures de lumière chaude.
Un peu après l’heure du dîner, on est sorti.
Juste avant, on écrivait sauf que rien ne collait à la page.
Devenu impatient, on a botché trente-six lignes,
Éteint l’ordi et ensuite, filé à l’extérieur.
Aaah!
S’écoule en ce moment sur le village,
Où partout le sol est encore recouvert de neige,
Un torrent de lumière et de chaleur depuis longtemps souhaité.
Sécateur en main,
On coupe en petits bouts
Des branches d’arbres fruitiers élagués
Et qu’on mêlera plus tard à de la terre de remplissage.
Mais il nous faut, qu’on se répète, revenir à la maison
Pour enfin réussir à taper quelque chose de potable.
De retour en-dedans, on s’assoit.
Ouach! Après relecture : pas riche ce qu’on a tapé avant de sortir...
On recommence...
Une fois de plus, ça ne va pas, non! et pas du tout.
On efface encore
Et on reprend une fois de plus... Misère!
Un peu de vaisselle à laver,
Quelques bûches dans la fournaise parce que le plancher est frette,
Un courriel écrit et envoyé :
On a l’impression de virer en rond.
C’est juste qu’on ne sait plus,
Qu’on se demande sans vraiment se demander,
Qu’on pose notre regard sur l’élan circulaire et régulier des éoliennes,
Qu’on aurait juste envie de n’avoir envie de rien.
C’est peut-être à cause du beau temps,
De la chaleur dont on avait oublié le bien-être ressenti sur le visage,
C’est peut-être aussi parce qu’il n’y a aucune raison...
... ou tout simplement parce qu'on file de même.
Nadagami