La blancheur de la page vite entachée de lettres noires
Et de laquelle émerge,
Ligne après ligne,
L’impression angoissante d’un gouffre sans fond qui nous aspire.
On repousse les apitoiements
Et de reprendre notre élan en enfonçant d’autres touches.
Voilà! Voilà! Vois là!
Mais où ça?
Drette-là en face de toi.
Que cé qu’tu vois?
Des mots qui m’appartiennent.
Tout à coup,
Mais une fois de plus,
Le vide,
L’absence de tout.
En somme : plus rien.
C’est donc le gouffre qui aurait gagné,
Quoique ce ne soit pas si mal comme impression
Même si perdure cette sensation de virer dans le beurre,
De prodiguer un effort qui n’aboutit à rien.
En dépit de ce contretemps, on s’entête
Et s’empêche de trop réfléchir
Sans pour autant taper plus de mots.
Hésitant on est
Parce que nous guide une sensation de vide,
D’absence :
C’est l’abîme sans fond qui nous aspire.
La finalité appréhendée prend forme,
Mais notre réaction ne s’apparente pas à ce à quoi on s’imaginait.
Devant, il n’y a que l’inconnu qui résiste même lorsque battu.
Pour ce qui est du reste, on fait comme avant.
Aussi bien dire qu’on a cessé
De se demander ce qu’on pourrait bien écrire.
On tape.
Les mots, telles des toques, s’accrochent à la page.
Nadagami