Je n’avais encore rien écrit aujourd’hui.
Sans surprise, je déprime.
C’est toujours ce qui survient quand je me tiens loin du clavier.
Mais écrire, parfois...
J’ai l’impression d’entendre l’écho de mes mots.
Il y a aussi l’âge qui toujours progresse
Et le poids des années qui tend à générer une force d’inertie.
S’imaginer être bête sauvage qui se sait traquée :
Passe le temps
Qui nous pourchasse
Et d’en user sans retenue pour atteindre le but recherché.
Mais bon, je me sais contraint de taper,
D’enfoncer des touches,
De fixer du regard les mots qui naissent à l’écran,
De combattre l’irrésoluble paradoxe
Qui affecte celui ou celle qui, pour survivre,
S’engage dans une interminable et obligée poursuite
Qui toutefois aboutira inexorablement à la mort de la bête chassée
Qui se révèle être le traqueur/la traqueuse.
C’est comme si on y allait de cette incantation :
Ô terres que je cultive,
Faites en sorte
Que je ne récolte rien à la fin de l’été.
C’est ce que je ressens.
Écrire par obligation,
Par nécessité
Sans pour autant rêver à la cueillette du fruit du labeur engagé.
Aujourd’hui après toutes ces heures consacrées à me lire et relire,
Je déprime.
Aujourd’hui,
Je balancerais mon portable à travers l’une des fenêtres de la cuisine.
Mais je dois écrire
Surtout que dans le cas contraire :
Je déprimerai davantage
Puisque cette dépréciation de soi a comme seul remède le mot tapé.
Nadagami