Et nos doigts d’échapper les lettres des mots
Qui se transforment en une coulée de sensations
Que nourrissent des envies impulsives.
Sans réfléchir,
Obstiné même si hésitant,
Dominé par le flot des mots,
On repousse cette crainte qui nous accroche à trop de réflexion.
Mais ce n’est pas sans peine,
En raison de cette peur de découvrir une vérité
Tue en mode cérébral,
Dévoilée en mode impulsif.
On refuse de s’agripper aux rochers de la raison qui émergent ici et là
Tandis que le courant de l’expression informelle nous entraîne.
Le courant est fort
Et la crainte de nous noyer en nous-même l’est presque autant.
On accepte malgré tout d’être entraîné,
Emporté,
Étourdi par le défilement soutenu d’images disparates,
À la merci du courant qui nous arrache à notre immobilisme.
On la voit, même si elle n’est qu’imaginée,
Cette rivière qui nous ballote en tous sens
Tout en nous soumettant à des sensation fortes d’abandon
Auxquelles se mêle l’ivresse de la fuite implacable du courant.
Défilent les berges,
Défilent les champs,
Défilent les forêts de feuillus et de conifères,
Défilent sur des écrans imaginaires les rives de nos idéaux de jeunesse.
Mais là, tout de suite, en ce moment, où est-on?
Dans l’habitacle qui nous permet de n’être que mouvement,
Que paysages en fuite,
Qu’abandon face à la puissance du courant batailleur de la vie.
L’affluent qui nous emporte mêle ses eaux à celles d’un autre.
La force grondante du courant nouveau résonne davantage.
Inquiet toujours on observe,
Mais toujours aussi on savoure cette condition d’ignorance obligée.
Nadagami