Puis après avoir complété la dernière ligne,
(Soupir!)
On efface tout.
Une fois... Deux fois... Trois fois...
Il est vrai qu’on a paressé en fin de semaine.
Dit autrement : on s’est tenu loin du clavier.
Lundi matin d’arriver et nous de chercher à reprendre où on a laissé,
Convaincu est-on qu'on peut retrouver sans effort l’état d’esprit
Qui nous habitait au cours de la journée de vendredi.
Sauf qu’en retenant en nous les mots pendant deux jours,
Voilà qu’aujourd’hui notre inspiration ne fait que dessiner des cercles.
Dehors, la neige,
Les arbres effeuillés,
Les branches des feuillus imprégnées d’immobilité,
La transparence de l’air qui se dégrade en se chargeant d’humidité.
Enfin! Et ouf!
On a finalement réussi à se rabouter au flux des mots à taper.
Il n’empêche qu’on vient tout juste d’effacer
Les lignes qui, jusque-là, suivaient.
Qu’importe!
On a toutefois l’impression (parfois presque navrante) d’avoir écrit
Tout ce qu’on avait à écrire.
D’un autre côté,
Ce n’est peut-être que la façon d’écrire qui importe
Puisqu’il est entendu que tout aurait déjà été dit.
Mais bon,
On continue.
Dehors, la noirceur de la nuit domine outrageusement.
Sous les néons du plafonnier de la cuisine,
On enfonce des touches.
Lampadaires et sentinelles entachent de brillances les rues désertées.
Une page de plus,
Un pas de plus.
Notre destinée?
Le point final soudé au dernier mot de cette page.
Nadagami