Nos mots,
Ceux écrits et conservés jusqu’à ce qu’on les retrouve au matin,
On les a tous effacés.
Puis soudain le doute :
« On a tous effacés? »
L’article les, pour « les mots », est sous-entendu.
On a fouillé sans pour autant trouver.
Peut-être aussi :
Tous on a effacés...
Qu’importe!
Alors qu’on cherchait,
Le couvert brumeux qui enveloppait le village
S’est dissipé.
En même temps dans les champs
Ont repris les épandages.
Il fait chaud,
L’air est chargé d’humidité,
Le vent se démarque par son absence
Et les émanations malodorantes des épandages successifs de coller.
Il fait vraiment chaud,
Mais à l’ombre, on est bien.
Montent des rangées d’arbrisseaux qui tracent les limites du terrain
Les moqueries des moqueurs qui se moquent.
Parfois,
Un peu de nostalgie,
De réminiscences de ce temps alors qu’on était plus jeune
Et qu’on pouvait se permettre d’être plus fou.
Le temps passe,
Les années nous rattrapent.
On ressent moins le besoin d’oublier qu’on existe
Surtout que notre temps d’existence s’effrite,
Même si toujours à la même vitesse,
Bien que toujours un peu plus vite on dirait.
Dans les médias, des tragédies découlant du réchauffement de la planète;
Ce soir, ici, des montagnes enveloppées d’une grisaille emboucanée.
Nadagami