Un soleil
À moitié visible;
Cachée par la muraille de montagnes élimées, l’autre moitié.
Ébloui,
Incommodé,
Aveuglé,
Sur le qui-vive.
En face,
Droit dans les yeux,
Une lumière en faisceaux projetée dans toutes les directions
Qui m’empêche de bien voir,
De bien discerner
Les dangers.
Le soleil se lève,
S’arrache de la torpeur d’une nuit de vagabondage trop longue,
Me garroche dans les yeux un excès de brillance,
De scintillement,
De surexcitation visuelle,
De superficialités aveuglantes.
Éblouissements inutiles.
Soleil paresseux,
Trop lâche pour monter haut,
Automnal et de plus en plus tôt recouché
Qui me lance dans les yeux
Des flèches de lumière.
Il me faut regarder ailleurs,
Me fier aux poteaux de clôture de broche,
Me soustraire à la brillance
Des jets éblouissants.
Le soleil se lève tard.
Mais au moins, il fait encore doux.
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Temps qui passe,
Qui nous rattrape,
Que rien ne retient.
Quelle heure est-il?
L’été des Indiens qui se poursuit
Au pays du blé d’Inde.
Sauf que le soleil semble être pris de vertige.
Quelle heure est-il?
Les érablières ne sont devenues que branches dénudées.
L’hiver s’en vient
Même si on est plein été des Indiens.
Quelle heure est-il?
Là-bas, au-dessus du lac Crève-Faim,
En formation de vol regroupé,
Des bernaches.
Quelle heure est-il?
De partir
Qu’il est l’heure.
Qu’on le veuille ou pas.
Bientôt nous arriverons au pays de l'hiver.
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nadagami