Tout en lenteur,
Éveillent sans avertissement des peurs
Que noie le courant des heures.
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Devant,
La montagne la plus haute,
Verte de conifères à l’approche de son sommet,
Violette sur ses flancs en branches de feuillus effeuillés.
Devant,
En haut de la côte asphaltée,
Entre les arbres,
Bordé par les fossets,
Au-dessus de la ligne
Où le chemin disparaît,
Où on a l’impression que cherche à nous avaler le vide,
Où se cache l’imposture de l’imaginaire en ivresse,
Devant,
À l’endroit trop finement défini ci-avant,
On voit passer des nuages poussés par le vent,
Effilochés,
Projetant dans les airs
Des flammes blanches et grises
Semblables à des lames d’épée agitées en tous sens
Mais alors qu’aucune fumée ne s’élève du brasier.
Devant,
Sur le dessus de ces nuages qu’on dirait être la proie des flammes,
Le bleu du ciel y appuie en partie l’étendue de sa bleuité
Afin de contenir cette éjection de pointes effilées en fuite.
Devant,
Je me revois posté sous les nuages,
Dans l’invisibilité grise des longues ombres où
Se déplacent en tous sens des feuilles malmenées par le vent
Tandis que tout en haut,
Coincés entre la ligne du sommet du chemin et
Le bleu du ciel,
Les nuages,
Devant,
Se défont
Au-dessus du milieu de la route,
Au-dessus de la ligne qui borne le territoire de l’instantanéité.
nadagami