Ce matin, le vent du sud.
Ce soir, tantôt, plus tard.
Ce matin, là, présentement.
-- = --
Dans les champs,
Partout,
Des fleurs jaunes,
Un tapis de pissenlits.
De pissenlits ou de pissenlites?
Pissenlites à l’oral,
Pissenlits à l’écrit.
Mais à l’écrit, pourquoi un « t » muet?
-- = --
Ce soir, tantôt, la pluie.
Ce matin, là, le vent du sud, du su.
Voir tantôt, là, présentement.
Voir tantôt, la pluie qui tombera tantôt, la voir tomber tout de suite.
C’est le vent qui me prévient.
Oui, le vent.
Le vent qui souffle.
Qui souffle et qui parle.
-- = --
Ces fleurs, sauvages, qui poussent dans les champs,
Nombreuses, envahissantes, jaunes comme le soleil,
Aussi nombreuses que les étoiles dans le ciel,
Elles sont peut-être tombées alors qu’il se faisait tard.
Pissenlits,
Êtes-vous des pépites de soleil venues d'un ciel de nuit?
Pissenlites,
Tombez-vous du haut d'un passé alors que nous dormons dans notre lite?
Le vent du sud, le vent du su, tantôt la pluie.
Hier, on disait, communément, pissenlite, lite, icitte, nuite.
Mais la lettre « t » ,
Un jour, en fin de mot, elle est devenue muette.
Verret ou Verrette?
J’écris Verret
Mais je dis Verrette.
Deux mondes : l’écrit et l’oral.
Jolis pissenlits, jolis pissenlites,
Nenon mais tsé,
Cé quoi ma langue?
Cé pissenlit ou pissenlite?
Si je dis pissenlit, je me coupe de mon passé.
Si je dis pissenlite, je reprends content contact avec mon passé
Et me découvre soudain bilingue :
Je parle deux langues françaises.
Un français du passé,
Et un français d’aujourd’hui.
Hier, voilà longtemps, on disait : le vent du su et non du sud.
Aujourd’hui, le vent du su me dit d’avance le temps qu’il fera tantôt.
nadagami