Ruisselle,
Recouvre tout
D’un simulacre de vernis
Éblouissant et scintillant
La pluie qui tombe.
Je m’abandonne
Sans savoir
Où mes doigts me conduisent.
Où vais-je?
Devant,
Sous mes yeux,
Un tiret noir vertical
Qui clignote.
Devant,
Le vide sur fond blanc
D’une ligne invisible.
Je tape.
Devant,
Est disparu
Ce que mes yeux voient
Tandis que mes doigts
Enfoncent les touchent.
Surgit
La cour arrière
Que délimite l’éphémérité d’un mur de grisaille.
Du côté de la Rue,
En avant,
Autos, autobus, camions
Passent.
Le déshumidificateur bouffe de l’humidité dans la cave.
Vais-je encore tout effacer?
Ont pris forme
Sur les feuilles de trèfle
Qui se mêlent à la pelouse
De nombreuses et minuscules
Billes de rosée
Dont le volume,
En dépit de leur petitesse,
Varie presque autant de fois
Que le nombre
De rondeurs aqueuses
Que compte
Chaque feuille porteuse.
Mes doigts refusent de s’éloigner du clavier
Mais s’immobilisent
Le temps
Que se dissolve la crainte du mot échappé
Semblable
À la goutte de pluie
Qui se détache du nuage.
Les érables
Jauneorangerougissent
Les bordures des chemins.
Le soir venu,
Les unes en dedans les autres dehors,
Très vite après le souper
Ampoules électriques
Et lampadaires
Repoussent la noirceur.
nadagami