Recommence,
Confronté au blanc de la page,
À la froideur du vide.
Du haut de la hauteur la plus haute,
Je saute et plonge dans le blanc de la page
Qui m’aspire, me transporte, m’éloigne de mes peurs.
Partout, que le blanc de la page.
Un mot.
N’importe lequel.
Le premier du bord :
Froid.
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Une évidence qui saute aux yeux mais qu’on n’avait pas vue.
On passe de l’autre côté,
De l’autre côté de la frontière.
On change de pays.
Sans bouger,
On se déplace.
Mon corps devient nomade par rapport à lui-même.
Le froid, le frette le contraint à se transformer.
La ligne du gel,
Limite mobile du pays de la neige,
Toujours instable,
Se déplace vers le sud.
Passage de l’état liquide à l’état solide,
De la goutte au flocon,
De la pluie à la neige,
De l’écoulement à l’accumulation.
En même temps et pour que le frette s’installe,
La clarté du jour hier envahissante amenuise son temps d’occupation.
Les ombres gonflent l’espace affecté par leur transparence grisâtre.
Quant au soir, au contraire du matin, demain il reviendra plus vite.
Longue nuit,
Jour écourté.
À l’apogée en devenir de l’état de domination de la nuit
Se fixe et s’accroît l’état de sujétion du jour.
Ainsi avec la fin de l’été et après les jours d’automne déjà passés,
Revient le front linéaire du point de congélation qui
Repousse vers le sud clarté et chaleur,
Ramène du nord noirceur et frette.
Contraint, je quitte mon pays d’été
Pour celui d’hiver.
Départ obligé donc mais accouplé à une arrivée simultanée
Sans jamais être, bien entendu, parti ni non plus arrivé.
nadagami