Écrire dire et dire écrire

​Qu’avons-nous
Donc
À dire
Ce matin?
 
Écrire
Et dire,
Ou
Écrire pour dire.
 
Dire écrire
Et en même temps écrire dire,
C’est tout dire,
Mais nous préférons l’écrire plutôt que simplement le dire.
 
Ce matin,
Donc,
À dire,
Qu’avons-nous?
 
J’écris,
Donc je dis.
Mais je peux dire
Sans écrire.
 
Il m’arrive tout de même parfois d’écrire
Tout en étant convaincu de ne rien dire.
Après avoir atteint les Pointes ce matin,
Nous nous sommes aperçu
 
Que les nuages se disputaient le ciel
Et tandis qu’on observait les espaces célestes
Devenus un vrai champ de bataille,
Nous avons alors constaté que, des nuages, il y en avait :
 
Des ronds,
Des longs,
Des hachurés,
Des effilés,
 
Des indifférenciés,
Des arrondis à base plate,
Des tout petits
Des regroupés,
 
Des isolés,
Des éloignés,
Ainsi que des gris, des blancs
Et même des gris blanc côtoyant des blanc gris.
 
Quant au soleil?
Pantoute!
Qu’une lumière diffuse
Derrière cette infinie étendue de nuages
 
Multiformes
Qui recouvraient le ciel
Tout en dessinant une ligne parfaitement droite
Qui s’étirait juste en-dessous de la ligne de faîte des monts
 
Que nous savons, lorsque suivie des yeux,
À la fois montante et descendante,
Mais qu’ainsi cachée par les nuages
Créait l’impression
 
Que l’ensemble montagneux
Constituant le massif du Sud
Était surplombé d’un plateau
À la linéarité horizontale absolument parfaite.
 
Sauf que ce plateau n’existe pas.
Dans mon imagination à ce moment-là, si!
Voilà donc la preuve de ce que j’avançais au départ :
J’ai le goût d’écrire, mais à dire je n’ai rien.
 
Par le fait même, mon attention se porte sur des choses inexistantes.
Je reconnais cependant que j’ai le goût de dire
Bien que, et tel que précisé plus haut,
À dire je n’ai rien.
 
C’est l’automne.
Le ciel est gris.
On chauffe la maison.
Et nous d’écrire bien que convaincu de n’avoir rien à dire.
 
 
Nadagami