Bien entendu, si le méchant temps, comme ce matin, s'éternise ce n'est pas bon. Il ne faut pas qu'il vente trop parce qu'un vent fort empêche la coulée de la sève. Tout comme ça prend du frette mais, pas trop de frette ainsi que de la chaleur mais, pas trop de chaleur.
Mais bon, ça finit toujours par couler sauf que les sucres, la récolte de l'eau d'érable, c'est quand même capricieux. Parfois, toutes les conditions les plus propices à la coulée de la sève sont réunies et, sans qu'on ne sache pourquoi, ça ne coule pas. Retenons cependant qu'à moins trente en plein hiver, c'est sûr que ça ne coulera pas et qu'à plus trente en plein été, non plus.
Donc : « - 30 Celsius » + « 30 Celsius » = zéro.
C'est à peu près cela : faut que ça vire là-dedans, que la nuit ça descende en bas de zéro et le jour, que ça remonte au-dessus.
Toujours est-il qu'en fin de semaine, ça a coulé (Note : « Ç'a coulé. »)
Les chaudes comme les frettes, les érablières orientées sud et celles orientées nord, les deux ont coulé. Normalement, les chaudes coulent avant les frettes. Mais, pas cette année : les chaudes et les frettes coulent en même temps. Pouquoi? J'eul sé-tu?
Il n'empêche toutefois que ça prend du gel et du dégel durant le temps des sucres. C'est essentiel mais pendant ce temps-là, les routes, et en particulier les routes de gravelle, mangent la claque. Les rangs de terre sont maganés. Très.
En ville, le printemps apparaissent les nids de poule. Ici, en campagne, ce sont les rayages qui apparaissent. Les chemins enfoncent. Ça n'a pas d'allure. Pis quand durant la nuit ça gèle, bien le lendemain matin ce n'est p'us toué qui mène : c'est le chemin avec des ornières, des roulières qui emprisonnent les roues des véhicules et qui conduisent à la place du chauffeur. Donc, slaque dans les rangs pis n'oublie pas tes claques.
Faque cé comme ça.
Daniel Verret