La nuit n’est plus.
Les nuages s’effilochent tout en fuyant vers l’est;
Par les brèches, plus haut plus loin, le bleu du ciel.
-- --- --
Pendant ce temps alors que la Terre tourne,
Comme si toujours on était au cinéma,
Des scènes de la vie défilent,
Sans arrêt.
Mais on n’est pas au cinéma.
Les acteurs n’ont pas appris un rôle.
Chacun joue, vit à l’improviste son propre rôle
À l’intérieur de la limite définie par la naissance et la mort.
Sans arrêt entre ces deux bornes, on est confronté à l’instantanéité
D’une scène de vie raboutée à la vitesse du temps
À une autre scène de vie.
Mais il arrive parfois que bien malgré nous on ferme les yeux.
-- --- --
Le ciel est couvert à nouveau.
Le temps qu’il fera aujourd’hui?
Ché pas trop.
Qu’importe de toute façon, il faudra faire avec.
-- --- --
On a beaucoup travaillé dans la cour arrière en fin de semaine :
Tout en s’attardant à regarder la faune ailée et la flore;
Tout en réapprenant à passer du temps dehors;
Tout en goûtant à la fugacité à travers la croissance des bourgeons.
Mais là encore, il arrive qu’on ferme les yeux.
Seul, la tête penchée au-dessus de la terre à sarcler et
Dans laquelle on a les deux mains,
Voilà que de nulle part remonte à la conscience une gloire jadis rêvée.
Mais désir d'antan qui comme les nuages ce matin s'effiloche :
Un oiseau passe;
De petites fleurs jaunes tapissent le sol;
Le gazon est quelque peu mouillé ce matin.
Des espoirs, des désirs, des idéaux d'hier
Le regard se détourne
Pour se réfugier derrière des paupières closes.
Sans égocentrisme, on ne peut survivre.
-- --- --
Couper des branches.
D’aucunes sont mortes, desséchées, fragiles.
À quoi bon les conserver? Elles sont mortes.
De temps en temps, il faut élaguer.
nadagami