De la pluie est prévue en après-midi.
Il y a la cueillette des framboises qui nous attend.
On éteint donc et petits fruits rouges à cueillir, nous voilà!
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Meilleure cueillette de framboises
De l’été en cours.
On tape
En silence,
Les yeux rivés sur le curseur
Qui se déplace un peu plus vers la droite
Chaque fois qu’une touche
Est enfoncée.
On tape.
Poursuivi on est en ce moment par le rappel
De la vie de ce romancier franco-américain qui sans arrêt
Tapait, tapait et tapait.
Aujourd’hui,
C’est moi qui tape
Et qui ne fait que taper pour taper.
C’est tout.
Je n’ai pas d’histoire à raconter,
Juste des émotions à déverser,
Des impressions à dévoiler,
Des sensations à rapporter.
Tantôt,
La pluie.
Ché pas pourquoi,
Me poursuit cette sensation qu’il y a quelque chose qui m’échappe.
Je tape malgré tout.
J’ai la trouille.
Le temps fuit.
Je tape.
La lumière du soleil
S’échoue directement sur le sol.
Tantôt?
Je ne sais plus.
Le temps passe.
J’essaie d’y voir plus clair.
Taper des mots
Et ne pas comprendre comment il faut s’y prendre
Pour écrire quelque chose de potable.
Je tape.
Je tape juste pour taper.
Mais bon,
J’aime bien taper.
Pourquoi?
Pour la même raison
Que j’aime la crème glacée au chocolat.
Pourquoi j’aime la crème glacée au chocolat?
Ché pas!
Mais j’aime,
Et beaucoup.
En fait,
C’est sans doute l’événement qui, de toute ma vie, m’a le plus marqué
Et qui, encore aujourd’hui, a le plus stigmatisé ma conscience,
Soit de voir pour la première fois quelqu’un taper à la machine à écrire
Tout en maîtrisant le doigté.
C’était, en plus, un garçon.
Il tapait à une vitesse folle.
Et moi de me dire :
Il faut que j’apprenne à taper à la machine à écrire.
Et voilà que quelques années plus tard l’occasion se présente
Pour que je puisse l’apprendre.
Il ne faudrait pas que j’oublie cet instant magique
Surtout que j’en passe du temps à taper.
Pourquoi?
Parce que j’aime taper,
Parce que taper c’est moi.
Relire ce que j’ai tapé,
C’est moi aussi.
Il ne me reste plus grand temps pour écrire mon livre,
Parce que je n’en écrirai qu’un.
Je continue.
Je tape.
Les heures passent.
Quoi dire?
Quoi faire?
Quoi penser?
Rien de spécial
Si ce n’est que taper.
Les heures passent.
Je tape.
Je continue.
J’ignore totalement ce que j’écrirai après cette ligne.
Je n’ai pas de plan de travail.
Mais je tape.
Je continue.
Tantôt, je corrigerai.
Et lui, cet auteur franco-américain,
Qui de son vivant tapait
Durant des heures,
Des nuits durant.
Le temps passe.
Le temps fuit.
Je suis fatigué.
Mes paupières sont lourdes.
Passe le temps,
Lentement mais sans arrêt.
Mes paupières se sont refermées.
La fatigue.
Mais je fais quoi de ces gens tout autour de moi?
J’étais ailleurs.
Des images semblables à celles d’un rêve.
J’écris et l’endormitoire qui me ralentit.
Nadagami