Le mercure avoisine le zéro Celsius.
Un peu de pluie ce soir.
Bientôt, deux mois complétés de l'hiver.
Une autre ligne.
C'est d'écrire le problème quand on écrit.
Tape des mots
Et passe à une autre ligne.
Se glisse dans le silence le bruit des touches enfoncées
Alors que le poids de la journée
Presse le regard de s'éteindre.
La fatigue est là.
Écrasées par le poids d'une journée de travail,
Les lettres apparaissent à l'écran sans la moindre logique.
Pas de temps à perdre, tape des mots.
On passe à la ligne suivante.
Un mur.
Il faut le contourner.
Au-dessus des têtes, le ciel
Et les têtes sous le ciel au-dessus des têtes.
Des mots, rien que des mots.
Des lettres des mots des histoires
Qui sont les lettres les mots de leur propre histoire.
Tout va si lentement.
Une histoire qui n'en est pas une mais qui quand même en est une.
Une avant, une après.
Des lettres, des mots.
Le vide de l'absence.
Lecture involontaire des mots apparaissant à l'écran.
Mais ce n'est pas tout à fait exact.
Les mots se nomment en silence à mesure qu'ils sont écrits.
Vite vite vite, on passe à une autre vitesse.
Comme il a été dit,
Comme on a entendu dire.
Une écriture aussi rapide que la parlure.
Comment peut-on savoir le futur annoncé à un moment présent du passé?
Question embarassante.
Ralentissement.
Temps d'arrêt.
La fatigue de la journée refait surface.
Des instants d'une crainte à assujettir
Alors que le vent souffle fort dehors
Tout en étant assis près d'une fenêtre pour voir les branches
Des arbres ployées sous la force du vent.
C'était quand?
La semaine passée...
Le temps passe.
La crainte s'en est allée.
Une phrase de plus,
Une ligne de plus,
Du temps de plus.
De plus en plus de plus en plus.
Ça ne veut rien dire.
Tape des mots.
Seule condition à respecter.
Les lettres apparaissent les unes à la suite des autres.
Que dire?
Quoi écrire?
Le temps passe.
Apparaissent les mots.
Perte de contrôle.
Le vent est entré dans la maison.
Le déséquilibre s'installe.
Il vente très fort.
Encore une ligne.
Continue.
Demain, on relira et probablement que beaucoup sera effacé.
Mais ce n'est pas si grave.
Le vent souffle sans souffler.
La neige tombe sans tomber.
La pluie ne tombe pas sans ne pas tomber.
Le temps ne contrôle rien.
N'importe quoi.
Encore quelques mots.
Encore quelques épanchements
Qui s'échouent sur la feuille.
Le vent souffle.
C'est pas possible d'écrire ainsi que crie la raison.
Mais ce ne sont que des mots qui demain seront peut-être effacés.
Le temps souffle.
Si ce vent pouvait finalement cesser.
Que faire de ces mains qui tapent?
Les écouter?
Écouter des mains???
Tristesse et déception d'un temps à oublier qu'on aurait voulu heureux.
Le temps passe.
Mais face à l'ignorance, que peut-on?
À moins qu'on ne s'en serve pour calmer l'attente.
Pressentiment.
Mais tout paraissait invraisemblable,
Inconcevable.
Non! Plutôt, incompréhensible.
Ça commence à être assez.
La tête penchée vers l'avant, dans l'écran presque.
Autour, juste avant de quitter, tous ces regards,
Tous ces yeux qui ne font pas partie de mon monde.
nadagami