De l’autre côté des vitres tombe la pluie.
Encore le doute;
Encore la pluie qui tombe de l’autre côté des vitres.
Penetanguishene me ramène sur terre.
En même temps,
Montent en moi les consonances et les résonances
Des mots de cette langue maternelle qui est mienne.
Ciel gris,
Sol détrempé,
Vitres mouillées,
Feuillages bardassés.
Sauf que tout autour,
Pas très loin,
Une autre langue :
Celle des affaires, de l’argent, des sciences, du pouvoir.
Souffle le vent,
Tombe la pluie,
S’étiolent les verts,
Se fanent les fleurs.
Ce matin au réveil,
Me chicotait
L’usage correct du verbe
Chicoter.
En ce moment, il pleut très fort :
Voilà quelques minutes,
De même que dans quelques minutes,
Pas du tout.
J’aime la langue française
Et en particulier celle en usage ici,
Au Canada,
Au Québec,
Dans les hauts de Bellechasse,
Dans la rue,
À l’épicerie,
Dans l’intimité de la maison.
Dehors,
La pluie a cessé.
Des nuages aux teintes pluvieuses
Filent bas au-dessus du village.
Mais me chicote cet angoissant flou,
Né d’un silence entretenu,
Quant à l’apport bienfaiteur de ma langue maternelle à une société
Et autre que celui de l’identité.
nadagami