Que le ciel s’obscurcit,
Accrochées aux branches des arbres effeuillés
Qui bordent la limite extrême
De la cour arrière,
Des corneilles croassent.
Le vent souffle par à-coups
Tout en soulevant
De longues traînées de poudrerie
Qui sont emportées loin dans les champs
Où elles gagnent en hauteur
Et se dispersent jusqu’à ne plus être.
De chaque côté de la rue
Qui traverse le village
Coule encore l’eau
De la neige qui hier fondait.
L’hiver se fait bousculer.
La durée du jour s’accroît.
Les nuits écourtées sont moins glaciales.
Tourne en cristaux de glace la neige accumulée au sol.
Les acériculteurs sont prêts.
L’entaillage est terminé.
Hier, les érables ont coulé.
La parade des citernes dans le village est commencée.
On a donné quelques coups de pelle après le dîner.
Mais pour dire vrai,
Ce n’était surtout
Qu’un prétexte pour sortir.
S’entête le vent qui repousse le redoux des derniers jours.
Du temps froid est à venir.
L’hiver ne s’évanouira pas du jour au lendemain.
On aura droit,
C’est certain,
À d’autres généreuses bordées de neige,
À du méchant temps,
À quelques réveils semblables à ceux de janvier.
Mais bon,
On ferait quoi de nos vies
Si on n’avait pas au moins le plaisir
De se plaindre du mauvais temps qu’il fait?
nadagami