Dans un élan d'éloignement qui finit par les souder l'une à l'autre
Et créer l'illusion d'un vide par delà la ligne commissurale
Que dessinent les paupières bleue et blanche de l'oeil horizon.
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Ce matin encore, le beau temps
Que se disputent proximité et éloignement,
Entêtés qu'ils sont à vouloir tout dominer,
À vouloir accaparer toute l'attention.
Proximité de l'ici, éloignement du là-bas,
Sous une lumière unique, montante, réapparue après être disparue.
Ici est la proximité; là-bas est l'éloignement;
Entre les deux, ce qui les sépare et les réunit.
Ici, tout est mieux défini, plus vrai, plus atteignable.
Tout est moins défini, plus trompeur, plus inatteignable là-bas.
Mais depuis ici, on triture la réalité de là-bas
Bien qu'ici on connaisse, pour l'avoir vu de près, là-bas.
Tout cela toutefois repose sur le plaisir que procure l'ici,
Qui oblige à avoir les deux pieds sur terre, le dos tourné à l'ombre,
Le plus haut possible autant que faire se peut
Afin de repousser à sa limite extrême le point visible du là-bas.
Par après naît d'une perte d'équilibre le vertige.
Le là-bas aspire, attire, crée une peur irraisonnée friande d'illusions.
Mais l'ici lutte, refuse de disparaître, de se fondre dans l'autre,
Bien qu'il accepte la présence de là-bas sans laquelle il ne peut être.
Pendant ce temps, silencieuse, la lumière du jour raccourcit les ombres,
Chasse les traînées de brume éparse,
Réveille tout en étant pour la combientième fois on n'a pas compté Témoin du spectacle qui se déroule sous sa lumière.
Ascension expansive de la clarté du jour;
Magnifique beau temps décidé à rester une journée de plus;
Écoulement des derniers grains du sablier de la saison d'hiver;
Mais comme toujours, ici et là-bas de finasser pour conquérir l'autre.
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Ce matin encore, le beau temps.
Au cours de la nuit, du frimas s'est accolé aux branches des arbres
Et ainsi les a-t-il enveloppées d'aiguilles de glace
Que déjà les premiers jets de la lumière chaude du jour font fondre.
Le beau temps perdure.
On ne s'en plaindra pas.
On aura droit à une dernière journée d'hiver de type printanier.
Non! on ne s'en plaindra pas.
nadagami