À l’année qu’il gèle dans les hauts...
Mais comme est chiche ce matin l’élan pour écrire.
On tape pour presque aussi vite tout effacer.
Il y a que,
Certains jours,
Entre nos mains suspendues et le clavier sur la table,
Un silence se glisse et se fait insistant.
Il fait froid dehors.
Jardinières, plants de tomates,
Pots de fleurs et de pousses de courgettes
Passeront tout de même la journée dehors.
Il y a que,
Une fois les doigts enfin en appui sur les touches,
On s’interroge
Et de vagabonder nos pensées.
Les cerisiers,
Le pommier,
Le prunier,
Sont en fleurs.
Il y a aussi que, parfois, on ne sait plus trop
Où se loge la censure.
Hier, on avait écrit.
Mais soudain le doute a surgi et on a tout effacé.
Se partagent la cour arrière :
Un couple de merles d’Amérique,
Un couple de moqueurs roux,
Un couple de moqueurs chats,
Un couple de colibris à gorge rubis,
Un couple de jaseurs d’Amérique,
Un couple de viréos mélodieux
Et un nombre impressionnant d’autres oiseaux.
Il y a aussi que,
Comme en cet instant précis,
On se demande pourquoi
On tape.
On a l’impression
D’être une rivière qui coule,
Mais qui jamais ne mêle ses eaux
À un autre affluent ou à une quelconque étendue d’eau.
On s’interroge.
Sauf qu’on n’est pas sans ignorer
Qu’un mal de vivre s’installera
En tenant loin du clavier nos doigts.
Taper des mots relèverait du caprice?
On ne sait trop ce matin.
Il y a
Que l’effort rapporte si peu.
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Passe le temps.
On croyait qu’un changement de décor,
Le temps de quelques courses,
Nous ferait du bien.
Non.
On en est toujours au même point.
On tape,
On efface.
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Autre tentative qui succède à la précédente,
Mais même résultat.
Une fois de plus,
Le blanc de la page
Qui refait surface.
Aujourd’hui,
Ce ne sont pas les mots qui nous transportent,
Mais bien notre volonté
Qui les arrache à la noirceur de leur univers intangible
Pour pouvoir accrocher à la page blanche
Quelque chose qui ressemble
À une suite digeste de mots tapés.
Il y a toutefois
Que déjà
On reconnaît
Que demain matin on recommencera.
Nadagami