Se sauve
La ligne
De crête
Des flancs
De montagne.
De l’autre côté
De cette ligne
Continue
Que dessinent
Les sommets,
Peut-être
N’y a-t-il
Que le vide,
Que des profondeurs
Insondables.
Oui?
Non?
Mais pourquoi
Penser à cela?
Importuné
Par cette idée
Extravagante
De l’existence
D’un vide sans fin
De l’autre côté
De la façade
Montagneuse,
Voilà que
Tout à coup
Le mot
Écrit
Commande
L’usage
D’un crayon
De plomb.
S’efface alors
De ma conscience
Le vide
Derrière
Les montagnes
Et mes doigts
De quitter
Le clavier
Tandis
Que le temps
Profite
De l’occasion
Pour s’enfuir,
Et de moi
Tout autant.
Me voilà donc
Écrivant,
Hors du temps,
À l’aide
D’un crayon
Que je presse
Juste assez
De la pointe
Pour qu’apparaissent
Les lettres
Sur la feuille.
Étrangement,
Je me sens
Envahi
Par la certitude
De devenir
Une expression
Individualisée
Du temps
Qui vient
Tout juste
De m’abandonner.
Les lettres
Carrées
Et séparées
Se succèdent
Sur la feuille.
Je lève
La tête.
Devant,
Là-bas,
Au loin,
Un coucher
De soleil
Qui,
Après avoir
Enflammé
Le ciel,
Se sauve
Avec
La lumière
Pour la durée
De la nuit
Et la barrière
Montagneuse
De disparaître
Dans le noir.
Sauf que
Si la barrière
Disparaît,
Ne serait-ce pas
Le vide
Sans profondeur
Qui la remplace?
Dans ce cas,
J’aurais raison :
Le flanc
Invisible
Des montagnes
Cacherait
Un vide insondable.
nadagami