Pour enfin être emporté.
Devant s’offre alors à nous le précipice de la peur.
Par contre,
Dès qu’on s’élancera,
On le sait et puisque c’est notre souhait,
Nos ailes se déploieront.
Voilà! On ferme les yeux.
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Tantôt, la neige
Précédée d’un peu de pluie.
Tantôt, après la neige,
On pellettera.
Deux l, deux t.
On ouvre les yeux.
On vole.
Hé bin!
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Le ciel est gris.
J’ai peu à dire
Car je crains de dire.
Isolé,
Enfermé,
Confiné,
On enfonce les touches.
Comme on voudrait anéantir cette peur née de l’isolement
Surtout que l’occasion est belle,
On le sait fort bien,
Ou, autrement dit, surtout que la période est propice
À un déluge quotidien de mots.
On s’élance
Et même pas besoin de fermer les yeux.
C’est juste qu’on refuse,
Qu’on se le refuse.
Mais pourquoi tous ces poètes
Se permettent-ils de poétiser
Depuis toujours
Alors que, nous, on se nourrit de tant d’attente?
On se sent vieux,
Courbaturé,
Envahi par des moments de tristesse,
Responsable d’un échec familial.
Le temps commence à presser.
L’éternité,
C’est bon juste pour les montagnes
Qui ne sont pas éternelles mais, que nous, tellement plus vieilles.
Toujours est-il qu’on continue
Sans jamais vraiment savoir ce qui est correct.
Pendant ce temps,
Dehors,
Les oiseaux
Luttent pour établir les limites de leur territoire :
Les étourneaux présents tout l’hiver sont repoussés,
Les quiscales de retour se font dominateurs.
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Il commence à neiger.
Jappe un chien.
La circulation automobile a beaucoup diminué sur la rue Principale.
Une cliente attend à la porte de l’épicerie.
Tout tourne au ralenti,
Même notre cerveau.
Tantôt, pour changer le mal de place,
On poursuivra le ménage du printemps de la cuisine.
La neige s’intensifie,
Mais la visibilité est à peine réduite.
Quant au vent,
Il augmente en vélocité.
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Tombe la neige
Soufflée par le vent
Qui l’entraîne avec lui
Entre les maisons
Où il, le vent, mugit
Pour ensuite agiter en tous sens
Les branches dénudées
Des feuillus.
Et alors que je regarde dehors
Tout en observant le ballotement des fils électriques,
En même temps je pense à hier,
À ces années passées
Alors que je me dirigeais
Droit dans une impasse.
Comment savoir alors?
Les pressions familiale et sociale étaient si pressantes.
Je vis aujourd’hui loin des miens.
Non en raison du travail
Mais bien pour survivre.
Ça ne donne rien d’aller à contre-courant.
On est qui on est
Et ainsi évite-t-on
D’être le piètre interprète
D’un rôle qui ne nous convient pas.
Nadagami