Je m'en vais pelleter.
Il a grésillé la nuit dernière.
La neige sera sans doute pééésante!
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Elle était, la neige au sol, effectivement pééésante,
Dense, presque solide mais friable lorsque déplacée.
J'avais l'impression d'enfoncer ma pelle dans des amoncellements serrés
De billes minuscules, ou encore de grains de sel ou de sucre.
Dans ce temps-là, ça ne donne absolument rien de se presser.
La neige est trop lourde,
Presque impossible à compacter.
Si on se garroche, on s'écoeure vite.
Puis entre deux coups de pelle et un relevage de tuque trop basse,
Dans l'érable qui était devant moi
Se sont regroupés une dizaine peut-être de durs becs des sapins.
J'ai arrêté de pelleter, je les ai regardés, écoutés et j'ai repris.
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Ensuite?
Ensuite, j'ai encore pelleté.
Sans jamais m'arrêter.
Il y avait tant de neige.
Tant de neige au sol,
Tant de neige qui tombait,
Tant de neige encore accrochée aux nuages,
Tant de neige même pas encore dans les nuages mais qui tantôt tombera.
Ensuite?
Les bras se sont mis à m'allonger.
J'avais tant pelleté et la neige était si pééésante.
Jusqu'à ce que je pile sur l'une de mes mains et m'enfarge.
Ensuite, je me suis relevé et suis rentré.
J'avais le visage plein de neige, la tuque de travers.
Mes mains traînaient sur le sol.
Je n'en pouvais plus.
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Ensuite?
Mes bras ont repris leur longueur normale.
C'est la première fois que ça m'arrive,
Et c'est aussi la première fois que je mens, non, la deuxième.
Daniel verret