S’étirent
De longues et droites bandes d’herbe
Que dessine le rayonnement de la lumière du jour levant.
Le ciel n'est que bleuité.
Les érables de la cour exhibent leurs samares tantôt dispersées.
La nuit, froide,
S’est enfuie.
Immobiles comme ils l’étaient tôt hier matin,
Les feuillages
Se prélassent mollement autant du côté exposé à la lumière
Que de celui opposé à celle-ci.
Tout est si exempt d'agitation
Qu’on dirait que le temps s’est arrêté,
À l’exception de la lumière
Qui se déverse en chassant les ombres sur le sol.
Juste au-dessus de la ligne que dessinent les ramées alignées
Émane une froideur raffermie du bleu entier de la voûte céleste.
Le vent s’abstient.
La lumière s’échoue sans arrêt
En soulevant un empoussièrement lumineux jaune.
C’est le matin,
Première période de la journée
Au cours de laquelle ombres et lumière jouent à cache-cache.
Et moi,
Alors que tout semble baigner dans une immuable immobilité,
Tout à coup je m’enfarge :
Qui suis-je?
J’ai recommencé à me lever tôt
Depuis que mes doigts
Ont découvert le plaisir de taper des mots
Qu’ils savent être lus simultanément par celui qui tape.
Dehors, la boule jaune continue de s’élever
Et d’anéantir les étendues d’ombre recouvrant l’herbe mouillée.
Le jour a repoussé la nuit
Qui semble s’être refugiée dans les maisons encore endormies du village.
nadagami