Le temps passe.
J’enfonce des touches.
Un mot,
Une phrase.
Je tape,
Supprime quelques mots,
Quelques lignes.
Quoi écrire?
Peut-être en viendrais-je
À tout effacer
Comme j’ai plutôt
Tout effacé
Ce que j’avais tapé
Au cours de l’avant-midi.
J’enfonce donc
Les touches du clavier
Qui depuis longtemps me fascinent,
Mais qui en ce moment me retiennent,
M’empêchent de quitter ma chaise.
D’une certaine façon, je tape
Pour me libérer
De la nécessité
De taper des mots.
En tout cas,
Aujourd’hui c’est cela.
Demain,
Ce sera autre chose.
Et de reprendre plus tard,
Alors que vers le milieu
De l’après-midi
Je replace mes doigts
Au-dessus du clavier.
Je tape,
M’arrête,
Regarde mes doigts,
Fais tourner
En même temps
Mes deux pouces
De façon à ce que
Chacune des deux phalanges onglées
Glisse autour de sa phalange jumelle
Tout en exerçant
Sans interruption
Une légère pression
Simultanée
Pour que toujours il y ait contact
Entre les deux pouces.
Je décroche de ma fixation et recommence à taper
Mais tout en ne faisant
Que regarder
Les mots apparaître.
Rien de particulier à signaler.
Je ne fais que taper des mots,
Seulement taper,
Taper pour taper.
nadagami