D’une mince couche de neige :
La nuit a été neigeuse.
De partout déborde la couleur blanche.
Les nuages,
Les branches enneigées des épinettes et sapins,
Les flocons qui encore ici et là tombent
Créent des vues floues
Des paysages environnants.
Les couleurs sont diluées,
Sursaturées de blanc
Et tout l’espace visuel contaminé de gris blanc.
Chevauchement de saisons.
Au chaud, dans la cuisine,
Les yeux braqués sur les branches blanchies des arbres,
Les mots, après, une fois assis, surgissent à l’écran.
Mais en même temps,
Je me retrouve dans un autre temps
Alors que je vogue sur des vagues vagues
Qui deviennent paysages de neige,
Indéfinis, imprécis,
Où à maints endroits naissent des taches gris foncé
Dont l'ensemble crée, sur les flancs de montagne,
L’illusion d’un grillage superposé
Nous séparant d’un autre monde
Caché à l’intérieur des montagnes, dans le roc,
Monde lui aussi blanc et gris,
Également sous un couvert bas de nuages gris blanc,
Au-dessus d’une couche de neige blanc gris,
Où tout est permis.
Tapant donc,
Des mots bien entendu
Qu’en même temps je lis,
Je m’abandonne,
M’ignore
Pour cesser de me demander ce que j’aurais envie d’écrire.
Car,
Alors que je me demandais ce que je pourrais bien me demander
Afin de ne plus avoir à me demander ce que je pourrais bien me demander,
J’ai vu apparaître
Une jolie chose.
En fait,
Une chose jolie.
Parce que ce n’était pas la chose qui m’intéressait
Mais bien qu’elle soit jolie.
Ce qu’était cette chose?
Je l’ignore.
Mais comme elle était jolie.
Tellement
Qu’on ne voyait pas ce que c’était
Mais simplement ce qu’elle était :
Jolie.
nadagami