Le vide peut-être.
Le temps, qui fait ce qu’il fait de mieux, passe.
Et je sors de la maison pour aller acheter le journal à l’épicerie.
Mais soudain, il y a quelque chose,
Genre ché pas trop quoi.
J’arrête au beau milieu du chemin p’is j’eurpars.
Pour où ché pas mais j’oublie que je m’en allais acheter le journal.
Autour, il n’y a rien.
Tsé rien?
Bin, cé ça : à rien parce que j’eursens rien pantoute!
Faque j’reste là à rien faire.
Y’a des jours comme ça.
Tu te lèves p’is tu restes deboutte.
Bin oui!
Tu t’lèves, faque té d’boutte.
Donc, chus d’boutte
P’is j’bouge pas.
Et quand j’dis pas,
Cé pas pantoute.
Sur la ligne jaune, dans le chemin.
Pas de char :
Ni en haut d’la Rue,
Ni en bas d’la Rue.
Cé comme si chuis toutte seul.
Ouin! Vraiment.
Cé bizarre parce que ç’t’éclairé comme en plein jour,
Mais y’a pas de soleil.
Ni de nuage, ni de bleu.
En faitte, cé gris pâle.
Mais bon, chus d’bout, en plein milieu de la Rue
P’is ch’fais rien pantoute.
Mé chus bien.
Cé comme si, moi-là, ch’tais rien.
Rien, cé ç’que chuis.
Vraiment.
J’eursens rien.
J’ai l’goût de rien.
J’ai rien dans tête.
Que ch’ois là ou pas, ça change rien.
Être rien.
Il s’met à pleuvoir.
L’eau de pluie est tiède.
J’me ferme les yeux.
Il pleut de plus en plus fort.
Soudain, il y a tellement d’eau dans l’chemin
Queul l'courant m’emporte.
Ch’flotte comme une pitoune sur l’eau.
Je me sens tellement bien,
Les yeux fermés.
Cé le courant de la vie qui m’emporte.
Ch’fais confiance.
Finalement,
J’eurprends conscience.
Et là j’entends :
« Pis, ton journal, tu le payes-tu, oui ou non? »
nadagami