Roulent les autos.
Tombent les gouttes de pluie.
Reculent les camions de livraison.
Aujourd'hui dans les journaux,
De revenir une fois de plus cette question :
Pourquoi la langue française?
Parce qu’elle est comme on pense : dualiste.
S’écoule le temps.
Souffle l’invisible vent.
Passent les journées.
S’enfuit l’été.
Quelques mots tapés,
Quelques élucubrations improvisées,
Quelques désinvoltes envolées,
Quelques lignes inachevées.
Et de continuer
À taper,
À enfoncer les touches.
Jusqu’à ressentir très fort le désir de tout oublier.
Tout.
Même l’oubli.
Sauf qu’en même temps, on poursuit.
Sauf qu’au bout d’un certain temps, on en vient à fermer les yeux.
Sauf qu’en bout de ligne, on finit par oublier l’oubli de l’oubli.
Et la grande roue,
Si démesurée,
Si impossible à imaginer tant elle est immense,
Même en fermant les yeux,
De se remettre à tourner.
Et nous tandis qu’elle tourne,
De taper des mots,
D’enfoncer les touches
D’un clavier
Sur lequel nos doigts vont et viennent.
Hier, il y a plus de quarante ans, on apprenait à taper.
Aujourd’hui,
On écrit
Tandis que nos doigts enfoncent sans hésitation
Les bonnes touches afin de donner naissance aux mots désirés.
Ainsi va cette vie qui va,
Insaisissable,
Que cherche à confronter notre conscience,
Fascinée qu’elle est par cette obligation de l’emploi du français.
Nadagami