Tranquillement, la neige disparaît. Contenues plus bas entre deux rives souvent rocheuses, les eaux froides en fuite sur les flancs de montagne se sont éclaircies. Glané ici et là : les sucres seront bons cette année.
Tout bascule, tout se transforme sous la pression régénérante qu'exerce la chaleur. Les branches des arbres, arbustes et buissons se parent de bourgeons plus visibles qui bientôt se fendilleront pour que s'en échappe la feuille emprisonnée.
Le ciel est dégagé. Il fera beau aujourd'hui. Peut-être un peu de pluie en fin d'après-midi. Mais en ce moment, la lumière du jour se charge de faire ressortir en couleur tout cet or des herbes qui recouvrent le sol.
Ensuite
Le soleil s'arrache à peine du sommet des montagnes que déjà les citernes vont et viennent sur les chemins. Les érables coulent encore mais il gèle trop peu la nuit. C'est mauvais pour les sucres ces nuits sans gel. Pour d'aucuns, la saison des sucres tire à sa fin.
Le temps passe, les choses changent. Par le passé, on courait les érables pour recueillir l'eau sucrée. Aujourd'hui, l'eau d'érable à bouillir arrive à la cabane, arrive dans les réservoirs au moyen de tubulures. De nos jours donc, on ne court plus les érables. Par contre, on court les cabanes, les stations de pompage pour ramener l'eau à un seul endroit où on fait bouillir. Ça change et en même temps, ça ne change pas.
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Oui, oui, les sucres sauf qu'il n'y a pas que les sucres. Sur le bord de la route, en début de journée, j'ai aperçu une gélinotte huppée. J'aurais bien aimé la photographier. Pas le temps. Il me fallait revenir à la maison.
Enfin
De retour au village, un autre signe pour nous rappeler que le printemps est revenu :
- on vide les fosses à fumier.
Ouf!