Déferle la lumière d’un début de journée
Tandis que se dissipe la nuit qui achève.
Derrière,
Encore blanchis de neige,
Les sommets arrondis
D’une vieille chaîne de montagnes.
Quatre cent cinquante millions d’années
Qu’elles auraient,
Les montagnes.
Tu te souviens, au début
Quand on a émergé?
Pas vraiment. C’est trop loin tout ça.
Quatre cent cinquante millions
D’hivers, de printemps, d’étés et d’automnes
Ont passé
Et la boule porteuse qui continue de tourner.
Derrière la maison,
Du temps aggloméré en une formation montagneuse
Et en bas de laquelle on aperçoit :
Dans les champs, des bernaches;
Dans les fossets, des carouges à épaulettes;
En plein vol au-dessus de la forêt, des colverts;
Sur un fil électrique, des crécerelles;
Effarouchés le long de la route,
Quatre dindons sauvages;
Seule et hésitante à l’orée d’un bois,
Une gélinotte huppée.
Droit devant, au nord,
De l’autre côté du fleuve,
Et d’ici on les voit très bien :
Les cousines.
Et sans doute comme là-bas,
Au pied des montagnes qui au sud bordent le village,
Sous un ciel
Dont le bleu se mêle à un voile blanc vaporeux :
La neige fond;
Les champs réapparaissent;
Les érables coulent;
Le débit des cours d’eau augmente;
Sur la rue Principale,
Les moteurs des voitures grondent;
Les motocyclistes
Sont déjà de retour.
Faisait beau comme aujourd’hui,
Tu te souviens,
Il y a de cela
Quatre cent cinquante millions d’années?
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Il est tôt
Et déjà la lumière du soleil qui se répand.
Une journée débute
Et première elle sera comme elles l’ont toutes été.
nadagami