Voilà moins de deux cents ans,
Tout partout,
La forêt
Et aussi la saison de l’automne en automne.
Hier, ici,
Voilà moins de vingt-quatre heures,
Autour de la maison,
Dans la cour arrière,
La tondeuse à gazon,
Le râteau à feuilles,
Les sécateurs
Et aussi l’automne en automne.
Au début et comme partout ailleurs,
Tout autour,
Il n’y avait que la forêt.
Puis un jour,
Il a été décidé qu’il fallait coloniser les hauts de Bellechasse.
On a donc dans un premier temps arpenté le territoire,
Ensuite, construit un chemin :
Le chemin Taché,
Jamais tout à fait achevé,
Depuis ici,
Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland,
Jusqu’à,
Du moins c’est ce qui était prévu au départ,
La vallée de la Matapédia.
Sauf que dans Kamouraska,
La terre s’est révélée être trop mauvaise pour l’agriculture.
Plutôt que de remonter le piémont appalachien,
Les colons-cultivateurs de ce coin-là en quête de terres à cultiver
Ont alors décidé de traverser le fleuve
Pour se rendre au lac Saint-Jean, y défricher les terres convoitées.
Et s’y établir finalement pour de bon.
Mais puisque personne
Ne voulait des terres ingrates
Auxquelles aurait donné accès le chemin Taché
Dans Kamouraska,
Donc dans ce coin-là,
De chemin Taché on n’a pas construit.
Et c’est pour cette raison
Que tout près de Saint-Omer s’arrête drette-là la 216,
Que devant, à la croisée de la 204, se dresse la forêt
Et qu’en automne, comme partout ailleurs, il y a l’automne.
Nadagami