Et chauffe la couenne près de la fenêtre transpercée de lumière.
La chaleur est bonne, agréable, régénératrice.
Enfiévré d'ensoleillement, le vent se démarque par sa retenue.
Ici, un peu à l'écart, face à l'ordi, pas grand-chose à dire
Tandis que les yeux regardent les lettres apparaître à l'écran.
Oublier.
Après les lettres, ce sont les mots qui apparaissent.
Mouvement de bascule dans le vide.
Les doigts poursuivent leur travail.
Un mot, un autre, une virgule, un point, une espace.
Les mots ne demandent qu'à être tapés.
Il arrive parfois que parfois il arrive.
Comme ça, entre deux riens,
Car il est une histoire qui a commencé de cette façon.
Il n'y avait rien et en même temps, tout.
Parce qu'il y a l'objet
Et le vide qu'occupe cet objet.
S'il n'y a pas de vide
L'objet ne peut être car le vide qu'il doit occuper n'existe pas.
C'est le début de l'histoire,
L'histoire de dix statuettes sur une étagère
Qui ne pouvait pas en compter plus de dix.
Pour en ajouter une nouvelle sur l'étagère,
Il fallait, et c'était inévitable, en retirer une.
On en a donc retiré une et ainsi a-t-on créé un espace vide,
Vide qui est comblé par la nouvelle statuette
Qui occupe le vide nécessaire à sa présence sur la tablette.
Tout cela juste pour une histoire de dualisme :
Gauche droite, chaud froid, nuit jour, feu eau, vide plein.
Il faut qu'il y ait absence pour qu'il y ait présence,
Que c'est en fusionnant absence et présence qui tout est rendu possible.
Pendant ce temps, le fleuve coule
Entre ses deux rives.
Et entre ses rives dualistes,
Le courant passe.
nadagami