Ce matin,
Vous criez et en même temps,
Cherchez à demeurer libres.
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Dehors, l’envahissante et stationnaire masse blanche flottante,
Informe, retenue entre bleuité céleste et enrochement terrestre,
S’étale pour que tantôt, ce soir, la nuit prochaine, tombe en flocons
La blancheur froide sur ces terres qui peuvent geler à l’année.
Passe le temps, passe le jour, passent les ombres qui fuient sur le sol.
Quant à la neige qui tantôt tombera ni n’en veux-je ni n’en souhaite-je.
Mais de la neige tantôt filera vers le sol que je le veuille ou pas,
Et quand elle tombera, les flocons seront miroirs de mes peines.
Le temps passe et je vieillis.
Les années s’accumulent.
Les souvenirs, de plus en plus prégnants, nourrissent les pensées
Au contraire des nouveautés qui prennent des allures de flagornerie.
Plus s’élève le nombre d’évanouissements de clarté de jour,
Plus se désagrège pour être rebâtis les fondements du bien et du mal.
La gorge nouée, on apprend à oublier ceux hier embrassés
En raison de vérités qu’on parvient moins bien à maquiller.
Accepter la neige et le froid tandis qu’on rêve de chaleur et de soleil
Se compare à un devoir de soumission face aux limites de notre volonté.
En somme, j’accepterai la neige tombante ce soir comme j’accepte que
Tombent en moi les flocons de ma réalité que je ne peux retenir.
Tant d’images d’un moi fort, dominant, idéal nous sont présentées.
Mais une fois visionnées si de toutes ces images est absente la nôtre, La peur de la solitude imposée et obligée nous pogne au ventre,
Nous saute dessus comme la misère sur le pauvre monde.
Cependant, misérable ou pas, on ne peut être que ce que l’on est,
Même au prix d’une solitude qui nous confine en un espace-temps
Au départ perçu comme pouvant être impossible à vivre.
Mais le temps passe et on finit par l’apprivoiser.
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Le temps passe.
Ce matin, assujettie aux intempéries, rapide,
Sertie d’une suite de crêtes moutonneuses, la rivière,
Haute, fougueuse, coule en un élan retenu par ses rives.
Ailleurs, sur la route, une rencontre qui suggère la chaleur.
Dans les Pointes, sur les fils électriques, les carouges à épaulettes
De retour ont chassé les crécerelles de leur perchoir.
L’an passé, après le retour des carouges, la chaleur a suivi.
nadagami