Et de repenser à cet homme dont je tapais les mots.
Un poète.
Qu’ai-je donc à écrire qui me plaira aujourd’hui?
Qu’il fait beau?
S’émerveiller et la mer de veiller,
Nourrie qu’elle est de ces eaux emportées par les ruisseaux.
Les lettres creusent le sillon que suivent les mots.
Le vent souffle.
Les mots tombent sur la feuille
Qui, tantôt, recouverte des mots qui lui donnent vie,
Se détachera de l’arbre de ma vie.
Le vent souffle, emporte les feuilles et la mienne,
M’élève au-dessus des montagnes
Aux couleurs d’un automne
Qui s’étale dans la douceur d’une température estivale tardive.
Les mots tombent,
Les uns après les autres,
S’accumulent sur la feuille, coulent en un mince filet.
Pourquoi au juste, je l’ignore.
Le village se réveille.
La lumière du jour se réveille.
Les mots, mes mots, se réveillent
Avec cette impression que je suis profondément endormi.
Un jour, peut-être,
Et peut-être pas,
J’en saurai un peu plus.
Peut-être et peut-être pas.
Qu’es-tu?
Pas.
Pas?
Il peut être peut-être pas.
Mes doigts ont soif.
Je m’arrête, me penche et
Plonge mes mains dans l’eau froide d’un ruisseau imaginaire.
Et mes doigts désaltérés de reprendre leur course sur le clavier.
Je marche, mes pas, mes doigts m’emmènent,
Me transportent.
Des mots.
Des pas.
Un jour, alors que quoi, que rien pantoute,
Que le soleil se levait, que la nuit sacrait le camp,
Que les nuages refusaient de glisser entre ciel et terre,
Bin cette journée-là, c’est aujourd’hui.
Taper.
Des mots.
Tu fais quoi dans la vie?
Je tape des mots.
Tu es ruisseau.
Tu es mots.
Tu es pas,
Sur le clavier.
nadagami