Trois monts
Que j’appelle
Les Trois Soeurs.
Trois ondes,
Trois vagues,
Pétrifiées,
Meulées par le temps.
Pour les apercevoir
Et se laisser saisir par les Trois Soeurs,
Sans empressement
On ne fait que regarder
Afin d’être absorbé
Par les lignes qui définissent
Le paysage montagneux.
Tout à coup,
Subrepticement se détachent,
Sur fond de ciel matinal,
Les trois sommets arrondis
À la fois semblables et différents.
Et une fois qu’on les a aperçues,
On maintient le regard sur les Trois Soeurs.
On se sent alors
Envahi par l’invraisemblable sensation
Qu’elles sont sur le point
De déferler comme des vagues.
Pourtant,
Rien ne bouge.
Combien de fois ai-je vu les Trois Soeurs?
Une seule.
Et une seule
Parce que chaque fois que je les aperçois,
Je les redécouvre :
Toujours au même endroit,
Toujours dans le même ordre,
Mais jamais pareilles.
Blanches, grises, enneigées, feuillées,
Rouge orange jaune,
À moitié avalées par les nuages,
Blanchies de givre, entièrement vertes :
On les dirait vivantes
Parce qu’elles sont certains jours, envoûtantes,
Presque chaque jour, élégantes,
Tous les jours, changeantes.
Mais en même temps
En émanent retenue et discrétion,
Douceur pour le regard,
Puissance devant l’usure du temps.
Et c’est toujours le matin qu’elles sont les plus belles
Alors que le soleil se lève,
Qu’une légère brume se détache du sol
Et que les Trois Soeurs se parent d’ombres dansantes.
nadagami