Chez des amis.
Avoir su, en bas de la côte, on vous aurait dit d’embarquer dans l'char.
Bin non! on monte toujours à pied.
Ils sont comme ça eux autres.
Chaque fois qu’ils viennent nous voir,
Parce que chaque année ils viennent,
Ils montent à pied jusqu’à la cabane.
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Le fond de l’air est frette.
Il y a pas mal de neige.
Pas de piste de chevreuil.
Des mésanges qu'on ne voit pas mais qu’on entend chanter.
Se sucrer le bec, à la cabane.
Ça viendra plus tard.
Oups! Une rencontre de famille. On ne savait pas.
Cé pas grave! Cé pas grave! V’nez, v’nez-vous-en!
On ne s’était pas annoncé.
De toute façon, jamais on ne s’annonce.
On arrive de même,
Pis ils nous prennent de même.
Si ça ne fait pas,
On s’en va.
Nous autres, ça ne nous gêne pas.
Eux autres, au départ, la première fois, oui.
Même qu’ils ont hâte qu’on reparte.
Mais l’année d’après :
Vous n’êtes pas venus nous voir! Comment ça?
On vous a attendus.
On est de même,
Elle pis moué.
Et là, c’est rendu qu’on se fait inviter.
Et qu’on nous fait sentir coupables si on n’y va pas.
Faque on y va.
On a liché la palette.
C’est très bon, et très sucré.
Comme elle a dit :
On aura mal à tête pendant deux jours,
Mais aujourd’hui, on liche la palette, on se sucre le bec.
Aille!
Une fois par année, on peut-tu arrêter de se sentir coupable?
Pour ce qui est de la récolte de cette année, parce que ça tarde,
Le bas des arbres n’est pas dégagé.
De la neige, il y en a.
De la neige à fondre aussi.
Et comme il y a épais de neige, l’eau commence à couler tard.
Avec ça, elle arrête de couler très tôt, un peu après l'heure du souper.
Paraît aussi qu'il y a un manque de pluie, d'eau de pluie.
Par conséquent, il faudrait qu'il pleuve.
Sauf qu'il fait trop frette et donc qu'il neige.
Enfin, les plus connaissants attribuent le retard de la récolte à la : Lune.
Mais là, on commence à virer dans l'ésotérisme expérimental.
Faque on revient à la base :
De la chaleur le jour, du frette la nuit, pis du méchant temps.
Et si ça coule pas cette année?
On n'y peut rien.
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Mais avant de se rendre à la cabane après le dîner,
En fin de matinée, on a profité de la chaleur de la journée,
Du beau temps, de la hauteur de la neige,
Pour tailler le pommier, le prunier,
Et quelques vieux cerisiers qui ne donnent presque plus de fruits mais
Qui se couvrent de belles petites fleurs au printemps.
Il est vrai aussi que les oiseaux, et ils sont nombreux,
S’assurent de la qualité des cerises, surtout quand elles sont mûres.
En tout cas,
Hier, un peu avant l’heure du dîner, sous un soleil radieux,
Armés de sécateurs,
On s’est attaqués aux arbres fruitiers.
On a toasté.
Juqués sur le dessus de la neige tout partout blanche,
Alors que le soleil tapait d'aplomb,
Qu'est-ce 'tu penses qu'il est arrivé?
À la fin de la journée, après la cabane, de retour à la maison,
On avait la face rouge et en feu.
On n'avait plus des joues blafardes et flasques,
Mais bien de belles pommettes écarlates et saillantes.
nadagami