Ma langue

Ça repart. J'oublie ce qui est derrière, les mots d'hier, les maudits airs qui me retiennent, me rattachent, me freinent. Droit devant, c'est tout ce qui compte pour l'instant. Je tape.

Rien d'extraordinaire. Juste des mots tapés. Juste taper des mots. Taper juste des mots, des mots justes.

C'est parce qu'à un moment donné, ce qui apparaît à l'écran prend les allures d'une photo, de ce que les gens appellent aujourd'hui un égo portrait, d'une image, d'une esquisse assez fidèles de la personne à qui appartiennent les doigts qui enfoncent les touches. Et là, quand les doigts se voient dans l'écran enfonçant les touches, soudain la chienne les pogne.

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Dehors, ce matin, la pluie hier tombée, la noirceur. En dedans, la nuit qui se termine et qui avec l'âge devient ennui. Tantôt, vers une heure du matin, les yeux grand ouverts à me demander, tu sais quand ça fait plus qu'une heure que tu vires dans le lit, si je me lève ou pas, comme si la nuit était finie. Mais tu'l sé bin qu'aux alentours de cinq heures du matin tu s'ras p'us capab. Faque tu restes couché à attendre que le sommeil t'eurgâgne. 

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Être jeune, de retour sur les bancs d'école, j'voudrais qu'on m'apprenne à écrire ma langue.


Daniel verret