On ouvre les yeux
Et le temps de nous emporter.
Le courant est fort.
Les deux globes oculaires dans la graisse de bines,
On s’attaque tout d’abord
À la chose la plus importante de la journée :
Le café.
Ensuite, on passe,
Puisque c’est le début de la semaine,
À la sauvegarde des données
Et à la mise à jour de l’anti-virus.
Beurk! Les comptes à payer.
Youppi! On en a qu’un.
Ce sera donc :
Le compte à payer et non pas les.
Premier jour de la semaine de travail,
Ce qui signifie que se succèderont les séances de :
Lavage, étendage, épinglage, séchage, ramassage, pliage.
Après?
La vaisselle du souper d’hier soir
Est empilée sur le comptoir.
À celle-ci se mêlent
Assiettes, verres, tasses et ustensiles du petit-déjeuner.
La hauteur et l’étendue de la montagne sont impressionnantes.
Trop.
On ferme les yeux et on vire de bord.
Ce sera pour plus tard.
Il y a aussi le terrain envahi
Par les petites mautadites bibittes
Dont on doit suivre la progression
Afin de ne pas être envahi.
Et enfin,
Il y a les mots :
On s’assoit et à peine l’est-on,
Qu’on doit se relever.
Il y a beaucoup à faire.
Tout cela sans oublier,
Bien qu’on les repousse,
Les travaux de peinture à se taper au cours de l’été.
Mais bon,
Il fait encore très beau aujourd’hui.
Le ciel est d’un bleu ciel uni
Dont la clarté et la pureté
Amplifient
Le contraste du feuillage vert des arbres.
Tout est si calme ce matin,
Si tranquille.
Par contre,
Chaque fois
Qu’on prend place
À la table
Une envie de fuir,
De nous échapper,
De prendre la route pour n’importe où
Cherche à torpiller notre volonté.
Tout de même curieux
Qu’il en soit ainsi
Surtout que,
Pas plus tard que ce matin,
On s’imaginait taper
Pendant des heures et des heures.
Il est vrai cependant qu’il fait très beau
Et que la procrastination n’est pas qu’un mot.
Et le temps de passer,
Et les mots de naître sur la page blanche.
En somme et peu importe ce à quoi on s’adonne,
On finit toujours par se retrouver devant l’écran.
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C’est l’heure du souper.
Il fait encore beau et chaud.
La terre manque d’eau.
On n’y échappera pas : il faut arroser.
En cette fin de journée d’été si magnifique,
Merles d’Amérique,
Moqueurs roux
Et quiscales bronzés
Vont d’arbre en arbre dans la cour arrière,
Se posent sur le sol,
Se disputent la possession de la cour arrière,
Repoussent les intrus de leur propre espèce.
On les observe,
Chargé des arrosoirs,
Alors qu’on se déplace d’un plant à arroser à un autre.
Les fleurs ont soif.
Nadagami
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