D’une épaisse couche de givre.
Dehors,
Le froid qui pétrifie
Et qui nous fait regretter
D’être sorti du lit.
Ne vivre
Qu’en français.
Le souffle de ma langue
Attise les braises de mes craintes.
J’ai tant à apprendre de cette langue qui est mienne
Et dont j’ai bien failli me séparer.
Mais au plus profond de mon être, le doute
Parce qu’ils sont si nombreux autour de moi
À affirmer le contraire,
Que je dois être cet autre que ma langue ne me permet pas d’être.
Elle,
Coiffée de son chapeau,
Me regarde,
M’écoute,
Indifférente à mes craintes,
Du haut
De ses 450 millions d’années d’existence :
La géante appalachienne.
Je crains
Cette ouverture sur le monde
Qui m’empêchera par la suite d’être
À l’image de cette langue qui est mienne.
Jour de répit.
Le vent s’est essoufflé à tant souffler.
Que de neige tombée!
On n’en veut plus, la cour est pleine.
Délire matinal.
Ce sont mes doigts qui parlent.
Parfois,
Il m’arrive de croire
Que chaque partie du corps humain
Est dotée d’une âme qui lui est propre.
J’ai clairement indiqué un peu plus haut :
Délire matinal.
Dehors,
Le froid.
En dedans,
L’effroi.
Dehors,
Au-dessus du versant des montagnes plongées dans le noir,
Un dégradé de bleu du jour levant
Sous le regard cyclope d’une lune décroissante en fuite.
La journée sera froide.
Le bleu du ciel n’est tellement que de couleur bleue.
On passera à travers.
Dehors, le froid.
nadagami