« À soir ».
Pour en venir à quoi finalement?
À cette culpabilité ressentie
En employant les mots
Comme j’ai appris à en user
Et comme me dicte de m’exprimer ma langue maternelle
Tous les jours de nouveau consolidée.
Sauf que,
Hein,
Trop souvent,
Ma façon de m’exprimer est associée au mot « faute ».
Mes doigts,
Dont les bouts effleurent à peine les touches
Juste avant de les enfoncer,
Étaient en attente.
Je plonge dans le vide de la page blanche.
Mes doigts s’activent.
À l’écran naissent les mots
Qui n’attendaient que d’être tapés.
Qui ou que suis-je?
Suis-je qui ou suis-je que?
C’est correct ce que j’écris?
C’est français?
Sauf que mes doigts n’en peuvent plus d’attendre
Et les mots d'envahir l’écran,
Sans faute autant que possible.
De toute façon, plus tard, je corrigerai.
Mais il n’empêche que c’est reparti,
Que je tape, que je me libère
Tout en regardant les lettres,
Ensuite les mots,
Se succéder
Jusqu’à ce qu’elles,
Les lettres,
Deviennent mot.
En ce moment,
Je tape,
Toujours je tape
Et même refuse de m’arrêter.
Mais j’y pense :
Comment décrire avec exactitude
Et au moyen de mots tapés
L’instant au cours duquel aucun mot ne l’est, tapé?
Depuis la rue qui traverse le village,
Enveloppé qu'est ce dernier de la noirceur d’un matin lent à se lever,
Montent les bruits qui se propagent avec moins de force dans la maison.
Mais peut-être que j’écris en une langue qui n’est pas que française.
nadagami