La page avant que les mots ne s'y fixent l'est en entier.
Mais sans lumière, la neige est noire.
Et ainsi en est-il de la page.
. .. ... .. .
Tout autour, ces terres recouvertes de neige tantôt flocons tombants
Me semblent être dans l'attente que se transforme en lettre
Chacun de ces flocons épandus pour ensuite être placé en ordre linéaire,
Telles les lettres des mots d'une histoire à lire.
Mais qui pourrait bien avoir autant de courage, de volonté, de patience Pour, après avoir arrêté le temps, placer en ordre tous les flocons Transformés en lettres afin de découvrir l'histoire que ce désordre Cache?
Qui?
Pas moi.
Méchant contrat :
Mettre en ordre tous les flocons tombés pendant un laps de temps défini.
Et les mettre en ordre comme si chaque flocon représentait une lettre.
Bien entendu, tout en étant capable d'arrêter le temps.
À première vue, c'est une tâche impossible à accomplir.
Par contre, j'ai l'impression que c'est ce à quoi je m'adonne.
. .. ... .. .
Une lettre, un flocon.
Le temps n'existe plus.
Un flocon, une lettre.
N'existe plus que le temps.
v
. \ VVV / .
Un flocon tombe,
Tombe une lettre.
Cent mille flocons tombent,
Tombent autant de lettres.
Laquelle choisir car déjà cent mille autres lettres sont tombées?
Pas très loin, la géante assise dans la neige me regarde :
Prends la première du bord, ensuite l'autre juste à côté, puis l'autre
Sans jamais t'arrêter.
Les flocons qui contiennent les lettres
Savent ce qu'ils ont à faire.
Ils tombent, se mêlent aux autres, deviennent neige, banc, glace,
Eau et repartent vers la mer, s'envolent vers le ciel, forment nuages
Puis reviennent.
Les lettres, tels des flocons, tombent sur la page.
Certaines formeront mots, d'autres seront rejetées ou encore ignorées.
Après, les mots deviendront des phrases sans aucune garantie de survie.
Quant à toi, neige.
Daniel verret