Il a neigé.
Beaucoup.
En fait, trop.
La neige,
La première de la saison froide à l’automne,
C’est beau,
Enivrant de joyeuseté.
À la mi-avril,
Six mois plus tard,
Entre dix et quinze centimètres de neige
Au réveil le matin,
Ça assomme.
Tsé,
Pelleter tout en prenant l’air,
C’est correct et même agréable.
Mais à la mi-avril
Alors qu’on rêve de soleil,
De chaleur,
De fleurs, au gazon,
Découvrir
En regardant par la fenêtre
Qu’il faut pelleter parce qu’il est tombé durant la nuit
De dix à quinze centimètres de neige,
Bin cé loin d’être drôle.
Nenon mais tsé!
Faut que ça arrête à un m’ment d’né.
Dehors,
Ce matin :
De la neige, il y en avait haut de même.
Pas le choix, il faut pelleter.
Et j’ai pelleté.
Mais malgré cette épaisseur de neige jamais souhaitée,
Ce matin,
Le rang Ville-Marie,
À partir de la rue Principale
En direction du lac Crève-Faim,
Juste en haut de la première côte,
Sous un ciel d’un gris mat uniforme,
Roulant sur le ruban foncé d’asphalte mouillé
Bordé de chaque côté par l’ourlet blanc de la charrue,
Enfermé que j’étais entre les deux barrières d’arbres
Aux branches effeuillées gonflées et appesanties
Par la neige tombée au cours de la nuit,
Ce matin donc,
En filant par le rang Ville-Marie
Alors que j’avais l’impression de m’engager
Dans un tunnel me conduisant en un lieu inconnu,
Ce n’était pas beau.
Non.
C’était magnifique.
Et ça l’était tellement
Magnifique,
Et même féérique,
Que j’ai fini par oublier
Qu’il avait neigé
Et qu’une fois de retour à la maison,
J’ai pelleté l’entrée des voitures au grand complet
Sans rechigner,
Ou presque.
nadagami