Le froid,
La neige.
À la feuille blanche s'agrippent les mots; au sol blanc, les flocons.
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Dehors, il ne neigeait pas. Soudain, il s'est mis à neiger.
Il tombait des flocons alors que juste, juste avant il ne tombait rien.
Effectivement, il ne tombait rien. Puis, la neige a commencé à tomber.
Mais avant que ne débute la neige, qu'elle ne commence à tomber : rien.
C'est comme si tout passait du chiffre un au chiffre deux;
Comme si un n'existait plus et que deux n'existait pas encore;
Comme si le niveau un était dépassé sans l'atteinte du niveau deux.
Le passage de l'un à l'autre était, sans être ni l'un ni l'autre.
Donc, il ne neige pas et tout à coup, il neige.
Des flocons, des poussières glacées tombées des nuages,
Des particules blanches qui changent de forme selon la température
Ont commencé à tomber, à s'accumuler, à suivre les déplacements d'air.
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On voit la neige tomber comme on a appris à la voir tomber.
Mais on la voit aussi comme si on n'avait rien appris.
Ce n'est pas un et ce n'est pas deux
Tout en étant à la fois un et deux : j'ai appris et ne sais rien.
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Mais elle tombe, la neige.
Elle bouge, se déplace, est entraînée dans une chute.
Un flocon tombe sur ma main et se transforme en eau.
Il était, le flocon, de glace et elle est, la goutte, d'eau.
Il était un, elle est deux.
Entre les deux, depuis les nuages jusqu'à la terre,
Un voyage qui entraîne malgré la volonté.
Tombe flocon que charrieront les vents et la gravité.
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Il ne neigeait pas. Soudain, la neige.
La page était blanche.
Il a neigé des mots.
Les mots ont fondu et sont devenus texte.
Faque c'est ça.
Je suis parti par là mais ne suis pas encore arrivé.
Entre le point de départ et le point d'arrivée.
Entre les deux : un, je ne suis plus un; deux, sans être deux.
Daniel verret