La journée a été dure. Un patron qui s'en va, des conditions de travail qui risquent de changer, de la désavantager, des travaux de recherche qui n'aboutissent pas, ou encore si peu. Et il y a le trajet entre le boulot et la maison qui après une dure journée de travail, même si la route est belle, tend à s'étirer trop longuement. Elle a même dû s'arrêter en cours de route.
Elle est venue se reposer, se changer les idées, voir la campagne, les arbres, les champs, les montagnes, les fleurs, le jardin, les tomates et piments, les arbres dans la cour arrière. C'était plus fort qu'elle. Sauf qu'elle était, comme elle le dit, gaga; pas lady, juste gaga.
À peine entrée dans la maison, elle s'est étendue sur le lit et très vite, endormie. Puis elle est revenue de son roupillon un peu plus lady, un peu moins gaga, mais toujours gaga sans être vraiment lady.
Pour le souper, elle a mangé son plat préféré de restaurant : un hot chicken. En fait, pas un hot chicken, juste la moitié d'un. Elle a préparé son assiette comme elle se sentait, comme si elle n'était que la moitié de ce qu'elle est en réalité.
Après le souper, elle est sortie prendre l'air. Le pas lent, elle s'est laissée emporter par la pente descendante de la rue. Puis, il lui a fallu la remonter. De retour à la maison, elle a arrosé les fleurs extérieures, les plants de tomate et de piment à transplanter dans le jardin en fin de semaine.
Par après, elle est revenue prendre place à la table de la cuisine, a lu les journaux puis, toujours gaga, la lady, une fois la douche prise, est retournée au lit pour la nuit.
Hier soir, ce n'était pas ma lady mais l'autre, ma gaga. Par contre, hier c'était mercredi et gaga ou lady, le mercredi après le travail plus rien ne compte si ce n'est sa dose de campagne.
Daniel Verret