Et taper des mots.
Le ciel est bleu.
Quelques oiseaux picorent dans l’allée des voitures.
On se demande si on y parviendra,
De se lever le matin
Que pour les mots toute la journée.
Ouin!
Que pour les mots.
Comme mon frère alors jeune enfant
Pour qui il n’y avait, cependant, que les chiffres
Et qui ne faisait que retranscrire ceux se rapportant
Aux statistiques de joueurs professionnels de hockey,
Le tout sur des feuilles blanches non lignées
Et sans la moindre indication de quoi que ce soit.
Étrange je le trouvais.
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Voilà! Voilà!
J’arrive.
J’en étais où?
Au point d’interrogation de la ligne précédente.
C’est juste cela,
Ce n’est que cela :
Taper,
Et comme si on avait les yeux fermés.
Il était donc une fois,
Et une seule
Qui toujours a été
Et qui à tout jamais sera.
Ainsi donc il était aussi une fois au passé,
Comme il est une fois au présent
Et qu’il sera une fois au futur,
De sorte que les trois s’amalgament pour ne former qu’une.
Aucune rupture,
Qu’une ligne continue.
Le ciel est bleu.
Merveilleusement bleu.
On n’a pas le choix,
C’est par là qu’il faut aller.
On tape donc
Et on se tait.
Il est aussi une fois qui demain
Aura débuté hier
Et qui peut-être en vue d’aujourd’hui
Ne soulevait aucun doute.
Peut-être et aucun doute?
Taper sans savoir d’avance ce qu’on tapera.
C’est ce que je suis :
Un tapeux de mots qui toujours ignore ce qu’il tapera.
Je ferme les yeux, les rouvre
Et continue de taper.
Assis,
J’attends
Et mets en mots l’attente.
Des images du passé me reviennent,
De cette solitude que je recherchais,
De cette solitude qui s’imposait.
Que de ruptures,
Que de cassures.
Que de peines,
Que de tristesse, toujours la même.
Je tape,
La gorge nouée.
J’allais
Sans jamais comprendre,
J’allais
Parce qu’on me disait d’aller.
Je dois apprendre à compter?
Oui, et j’apprenais.
Mais pourquoi?
Je dois apprendre à lire et à écrire?
Oui, et j’apprenais.
Mais pourquoi?
Je dois aller à l’école?
Oui, et j’y allais.
Mais, comme toujours, pourquoi?
Parce qu’ainsi la vie sera moins difficile.
O.K.!
Mais,
La vie,
Pourquoi?
Et pourquoi « pourquoi » ?
Les nuages,
Qui depuis une dizaine de minutes empêchaient le soleil de briller,
Le vent les a entraînés vers l’est.
C’est juste qu’à un moment donné,
À l’école,
Ça n’allait plus.
Il aurait fallu que je trouve des réponses à mes pourquoi.
J’aimais l’école,
Mais il y avait aussi
Que je voulais comprendre la vie.
J’ai décroché parce que je ne pouvais plus rien assimiler.
J’avais été trop longtemps gavé.
Et il y avait aussi tous ces pourquoi
Qui ne cessaient de me harceler
Et qui voulaient, pour chacun d’entre eux, une réponse.
Mais je crois aussi
Que je me préparais alors
À écrire et pour écrire,
Il faut avoir une histoire à raconter et en laquelle on croit.
Nadagami