Se lèvent et,
Semblables à des gouttes de pluie,
Tombent.
Mes doigts enfoncent les touches.
Le ciel est gris.
Sur la page blanche après s’être détachées d’un nuage d’intentions,
Les lettres terminent leur chute.
Mes doigts s’activent.
Il pleut de plus en plus.
Je m’arrête.
J’écris : je crie.
Pourquoi?
Pour la sonorité :
Je crie « J’écris! » et
J’écris « Je crie! »
Le vent souffle, dans ma tête.
J’entends des bruits, des cris.
En fait, je n’entends que le plurilinguisme tapageur
Du compresseur du frigo.
Aille! Le compresseur :
Ce n’est pas un bruit mais un paquet de bruits.
N’ai pas le temps de tout décrire.
Faque hein! Il faut que je continuze.
Car il est vrai que je préfère les bruits de type : continuze.
Et de sourire.
Mais il n’empêche :
Comment peut-on tous sans faute faire la même faute?
Soudain, une inquiétude :
De savoir qu’écriture rime souvent avec pauvreté,
C’est, me semble-t-il, assez pour s’éloigner de l’écriture.
Peux-tu bien me dire pourquoi la nécessité des mots pour d’aucuns?
Les mots tombent.
Les mots tombent?
Les mots naissent des suintements agglomérés d’une connaissance
Qui se détachent des parois invisibles d’une réalité irrationnelle.
Z’êtes certain de ce que vous avancez?
Non!
Ah!
J’ai juste osé.
Souvent, ici et là, il est dit que nous parlons mal.
Mais puisqu’une langue est vivante,
Les caractéristiques propres à son usage en un lieu donné
Révèlent une réalité historique qui la façonne.
Je m’écoute parler.
Je me regarde écrire.
Je me trouve si beau
Quand je ne me compare pas.
nadagami