M’emportent.
Où?
Je ne sais trop.
Dehors :
Le froid mordant au-dessus de la blancheur;
La lumière aveuglante d’un soleil bas;
Les feuillus dénudés aux branches effilées.
Mais qui plus est,
Faut-il vraiment que je sache
Où m’emporteront les mots?
J’ai plutôt l’impression du contraire
Parce qu’en cherchant
À saisir les mots,
À m’imposer face à eux,
À être trop cérébral,
Très vite
Se tarit le flot de lettres tapées
Car cessent alors d’enfoncer les touches mes doigts.
Les vitres du solarium
Sont recouvertes,
Les unes en entier,
Les autres en partie,
De givre.
Peu m'importe
Où les mots m’emportent.
Pour m’y rendre,
Il me faut être sans destination connue d’avance.
Je tape.
Une lettre noire
Se fixe
À la page blanche.
Dehors,
Le froid.
Sur la page blanche,
Des lettres.
Tant de surfaces enneigées
Qui se succèdent à l’écran
Où peut y aboutir l’alphabet désordonné
Que commande l’ordre des mots.
nadagami